« Petite news pour vous dire que le Covid m’est tombé dessus à mon retour du Hellfest », « Quatre jours de Hellfest, 7 jours de Covid », « Bon et bien Covid made in Hellfest »… Photos de tests positifs à l’appui, les réseaux sociaux ont rapidement et massivement fait un « bilan épidémiologique » de l’événement de heavy metal.
Le festival, annulé en 2020 puis en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, s’est tenu cette année du vendredi 17 juin au dimanche 26 juin 2022 à Clisson en Loire-Atlantique et de nombreux participants ont été malades à leur retour chez eux.
60 000 spectateurs en moyenne chaque jour
Il faut dire qu’il y avait du monde. Beaucoup de monde. 420 000 billets vendus au total, soit 60 000 spectateurs en moyenne chaque jour. Dans l’immense foule, une poignée de masques et des gestes barrière oubliées.
Au rayon people, le groupe de heavy metal Metallica qui s’y produisait en clôture, le 26 juin, a annulé son concert la semaine suivante en Suisse, au festival « Out in the Green », à Frauenfeld, car « un membre de la famille Metallica » avait lui aussi été testé positif, « malgré les mesures d’hygiène les plus strictes », a commenté le groupe.
L’Hebdo de Sèvre et Maine raconte qu’un journaliste de sa rédaction qui a couvert l’événement a été déclaré positif dans la foulée, « mais aussi des bénévoles », et que dans la pharmacie de Clisson « il n’y avait plus de créneaux pour se faire tester. »
Pas de « corrélation direct » pour Santé Publique France
Les festivals d’été, des « clusters géants » ? Difficile de le quantifier. Reste que la semaine suivante, les Pays de la Loire étaient la seconde région où le taux d’incidence était le plus élevé (+77% par rapport à la semaine précédente).
Et qu’effectivement, la propagation du Covid-19 – via le contagieux sous-variant BA.5 d’Omicron -, si elle concerne toutes les tranches d’âges, progressait surtout chez les 20-29 ans (+69%) et les 30-39 (+59%), public le plus représenté en festival.
Interrogée par actu.fr, Santé publique France ne peut néanmoins « pour le moment » établir « de corrélation directe » mais rappelle l’évidence, « dans ce contexte des congés scolaires et des activités propices à une augmentation de la transmission du virus » : s’isoler en cas de symptômes et de test positif au Covid-19 et appliquer à titre individuel les gestes barrières dont le port du masque en présence de personnes fragiles, en cas de promiscuité dans les espaces fermés, notamment dans les transports, ou… lors de grands rassemblements.
Traçage difficile
Sur cette question des festivals qui rassembleront en juillet et août des dizaines de milliers de personnes au même endroit, outre le difficile traçage de festivaliers qui viennent souvent de partout en France et même parfois de l’étranger, il est aussi clair, estiment les spécialistes, que ce public n’est généralement pas un public à risque.
Généralement jeune et en bonne santé. Ce qui est un argument en faveur du « laisser aller », pour reprendre les propos vendredi du nouveau ministre de la Santé François Braun.
Rester responsable malgré la levée des restrictions
Evaluer l’impact réel de cette tête d’affiche qu’était le Covid au Hellfest sera périlleux. Et dans ce domaine, le gouvernement marche sur des œufs après deux ans de disette.
Alors que la majorité présidentielle n’est que relative à l’Assemblée nationale, le gouvernement prend de la distance avec des mesures contraignantes pour des raisons politiques et ainsi éviter les critiques.
L’heure est à la responsabilisation, qui a effectivement des limites lors de ce genre de rassemblements. Certains festivaliers, en Loire-Atlantique, ont admis avoir poursuivi la fête malgré des tests positifs…
« Je veux miser sur la responsabilité de nos concitoyens », a commenté vendredi François Braun, le nouveau ministre de la Santé, invité sur France Inter. En clair, ne pas « obliger, mais informer. » Et tenter de mettre de côté, cet été, si possible, la crise sanitaire.
Nous sommes à la septième vague actuellement, il y en aura une huitième, il y en aura probablement une neuvième (…) Il faut qu’on apprenne à vivre avec ce virus.
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Des stands de dépistage au Covid-19 mis à disposition des festivaliers
Après le Hellfest, les autorités commencent néanmoins à intensifier la communication. C’était le cas il y a quelques jours au festival Garorock à Marmande (Lot-et-Garonne). Le site et ses trois scènes ont accueilli 140 000 festivaliers devant M, Vianney, Orelsan, Stromae, Dj Snake ou encore Green Day.
Le préfet est venu sur place pour adresser des recommandations in extremis aux festivaliers : « Se tester avant de venir au festival, pour garantir la sécurité de tous, et s’isoler immédiatement en cas de positivité, se laver les mains régulièrement, notamment grâce au gel hydroalcoolique et porter un masque dans les lieux de promiscuité et les espaces clos . »
On n’est pas sur un terrain coercitif, on veut simplement sensibiliser les festivaliers à la responsabilité individuelle de chacun.
Des stands de dépistage au Covid-19 avaient été mis à disposition des festivaliers sur le site, afin que « ceux qui ressentiraient des symptômes puissent se faire tester afin de s’isoler ». Mais sans plus de précisions quant à la prise en charge de ceux qui seraient positifs au Covid-19. La décision de s’isoler afin d’éviter des contaminations massives restait la leur dans un espace où les distanciations sont bien difficiles à tenir.
Là encore, depuis, les réseaux sociaux dévoilent les tests positifs de Garorock …