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Streaming, liseuse…? Les recommandations de l’Ademe pour une consommation culturelle plus verte

Quelle culture pour quel futur ?dossier
Avec le développement du numérique, les Français ont modifié leurs pratiques culturelles, délaissant les supports physiques comme les CD, DVD et livres papiers. Dans un contexte de risque de pénurie d’énergie, l’agence publique environnementale nous aide à limiter notre impact environnemental.
par Eloïse Duval
publié le 22 novembre 2022 à 6h16

Faut-il adopter une liseuse pour réduire son empreinte carbone ou bien se contenter des traditionnels livres papiers ? Préférer au streaming les CD et les DVD ? Telles sont les questions auxquelles l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) tente de répondre dans son dernier rapport. Car en une génération, la numérisation des pratiques a profondément modifié notre rapport à la culture et transformé nos habitudes en termes de consommation musicale, cinématographique et vidéo.

Une question d’intensité

Premier constat : l’impact environnemental d’un service culturel, qu’il soit numérique ou physique, dépend en grande partie de l’intensité d’usage qui en est fait. A titre d’exemple, écouter de la musique avec un CD a un impact environnemental plus important comparé aux formats numériques, lorsque l’on tient compte de l’ensemble du cycle de vie dudit CD (de la fabrication à l’élimination de l’objet, en passant par son utilisation). Pour autant, cet impact s’amoindrit au fil des écoutes, puisqu’il s’agit d’un support dont la durée de vie est importante – on peut l’écouter de nouveau pendant des dizaines d’années, et le prêter, le donner ou le vendre si l’on s’en est lassé.

Par ailleurs, la lecture d’un roman de 300 pages au format papier a, de prime abord, l’impact environnemental le plus faible sur l’ensemble des indicateurs pris en compte (ressources, émissions de CO2…). Cependant, pour un usage de plus de 10 lectures par an – et dans l’hypothèse où les livres papiers sont neufs et jamais réutilisés –, une liseuse numérique aura moins d’impact sur le dérèglement climatique qu’un livre neuf au format papier. Et si l’on part de l’hypothèse selon laquelle un livre neuf est lu au moins deux fois, alors la liseuse ne devient écologiquement plus raisonnable qu’au-delà de 20 lectures par an.

Enfin, contrairement à de nombreuses idées reçues, l’empreinte carbone d’un mail est négligeable : à titre d’exemple, envoyer 200 mails par semaine pendant un an revient à effectuer un trajet de 5 km en voiture.

Equipements énergivores

En outre, l’Ademe met en lumière le fait que la numérisation des services culturels complexifie et multiplie les équipements nécessaires à ces nouveaux services. Des équipements qui supposent une large variété de matières premières et de métaux et qui, pour l’ensemble des scénarios d’écoute de la musique en streaming, contribuent à la majorité des impacts environnementaux (le reste étant lié à la transmission, au traitement et au stockage des données). De plus, l’utilisation du streaming s’accompagne souvent d’une montée en gamme des équipements (écran plus grand et haute résolution). Or, plus la taille de l’écran de ces équipements est importante, plus leur impact environnemental est élevé. Enfin, pour diminuer ce dernier, il convient de faire durer au maximum ses équipements.

L’Ademe préconise de télécharger les contenus en amont durant les heures creuses, de couper la vidéo lorsqu’on écoute de la musique en ligne, d’adapter la résolution de la vidéo à l’équipement sur lequel elle est visionnée, ou encore de privilégier l’usage du wi-fi aux réseaux mobiles dont les infrastructures consomment plus d’électricité. Des petits gestes qui pourraient faire la différence, lorsqu’on sait que, si l’on regarde en moyenne dix heures de streaming par semaine, sur ordinateur portable, en haute définition et en 4G, cela équivaut à réaliser un trajet de 181 km en voiture par an, contre seulement 17 km pour la même consommation mais avec un smartphone connecté au wi-fi et en basse définition. Des calculs qu’il est possible de réaliser grâce à l’outil mis à disposition par l’Ademe qui permet d’évaluer l’empreinte écologique de nos pratiques culturelles – même si elles ont souvent des allures de clopinettes face aux trois postes d’émission majeures, à savoir les transports, le chauffage et la consommation de viande.

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