Même The Cure n’arrive pas à lutter contre la flambée des prix des concerts

Le groupe anglais avait promis à ses fans nord-américains que les prix de sa tournée resteraient accessibles. C’était compter sans les entourloupes du mastodonte de la vente de billets Ticketmaster.

Robert Smith, chanteur de The Cure, en octobre 2022.

Robert Smith, chanteur de The Cure, en octobre 2022. Photo Daniel Bockwoldt/dpa Picture-Alliance/AFP

Par Jérémie Maire

Publié le 17 mars 2023 à 16h21

Mis à jour le 17 mars 2023 à 17h04

Assurer le service après-vente des billets de ses concerts, comme le fait depuis le début de la semaine Robert Smith, chanteur de The Cure, face au mastodonte Ticketmaster, voilà typiquement la prérogative d’un artiste en 2023. L’histoire se déroule en trois actes : avant l’ouverture de la billetterie pour sa tournée nord-américaine, Smith avait promis à ses fans que les concerts du groupe resteraient à des tarifs décents : ni prix dynamique – qui lie l’offre à la demande –, ni possibilité de transfert du billet – autorisant une revente à un prix plus élevé. Le but étant d’éviter la spéculation folle autour des tickets, le marché noir et les prix astronomiques de certains spectacles – jusqu’à 10 000 dollars pour Taylor Swift et Bruce Springsteen. Demande à moitié entendue par la plateforme, propriété de Live Nation : si la valeur faciale des places est restée à des tarifs raisonnables (20 dollars pour certaines dates), Ticketmaster en a profité pour se gaver, en douce, du côté des différents frais d’achat, allant jusqu’à doubler parfois le prix total de la commande.

Face à cette « débâcle », Robert Smith s’est fendu de plusieurs tweets dans lesquels il se dit « dégoûté » par les méthodes de la plateforme, assurant vouloir tirer la situation au clair avec le responsable. « Après discussion, Ticketmaster a reconnu que la plupart des frais appliqués étaient trop importants et, en geste de bonne volonté, va rembourser entre 5 et 10 dollars selon les tickets », a finalement tweeté le chanteur anglais, jeudi 16 mars, s’excusant – comme si c’était à lui de le faire – de n’avoir pu trouver de système efficace face à ce problème d’inflation qui gangrène la musique.

Une demi-victoire après la révolte justifiée et l’engagement de Robert Smith pour ouvrir ses concerts à un maximum de personnes. Mais surtout une semi-défaite face à Ticketmaster, qui concentre les critiques sur ses méthodes depuis les années 1990 : même un groupe aussi influent que The Cure n’arrive pas à lutter contre le monopole capitalistique d’une entreprise toute-puissante comme Live Nation. Ça n’augure rien de bon dans la course folle à l’inflation du prix des concerts, un loisir de plus en plus réservé aux fans fortunés – ou monomaniaques.

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