Ils mettent le feu à toutes les scènes qu’ils foulent. Ils ont des choses à dire. Ces jeunes de moins de 25 ans font partie d’un circuit musical émergent, d’une grande solidarité et bien plus féminisé qu’aux premiers temps de la scène underground. Ces groupes en développement font partie d’un nouveau mouvement de jeunes qui s’époumonent toutes les nuits dans les bars et les terrasses de Buenos Aires pour prouver que le rock est toujours vivant, même s’il s’accompagne d’un menu végétarien, de toilettes inclusives et des peurs et plaintes des adolescents qui ont vécu le confinement pendant la pandémie.
Après la crise sanitaire [doublée d’une crise économique, avec son inflation galopante], ces groupes ont tout de suite pris les rênes de la scène musicale underground de la ville, chantant la douleur de la nouvelle génération. Ils ont organisé des événements et des festivals pour progressivement gagner en popularité.
“Je n’en reviens pas du nombre croissant de gens qui suivent ces groupes. Où qu’ils aillent, ils attirent toujours plus de monde”, affirme “Mery the Roadie” [à la tête d’un fanzine sur les nouvelles scènes punk argentines]. Parmi les groupes les plus populaires du circuit, on trouve entre autres Winona Riders, Buenos Vampiros, Dum Chica, Mujer Cebra, Sakatumba, Nenagenix, No Me Toques, Las Tussi, Ryan, Socorro, La Real Academia, Playa Nudista, Plenamente et Notum Negres. Tous des groupes indépendants qui éditent leur propre matériel, conçoivent eux-mêmes la pochette de leurs albums, s’autoproduisent, créent des fanzines numériques et font partie d’une communauté qui établit des ponts entre la capitale, la conurbation et, curieusement, la ville de Mar del Plata [une station balnéaire de la côte atlantique, à 400 kilomètres de Buenos Aires].
Une communauté, un temple
Les liens entre jeunesse et musique ne sont pas nouveaux. Tous les dix ans, chaque génération a son style, ses groupes cultes, ses critères de mode, ses idéaux, ses héros, ses ennemis et, bien sûr, son QG. Si, dans le New York des années 1970, on célébrait l’esprit du rock au CBGB [où se sont produits The Ramones, Suicide, Blondie, Talking Heads, Pattie Smith…], dans les années 1980, à Buenos Aires, c’est au Parakultural ou au Cemento qu’on respirait l’air de la liberté.
Il a fallu attendre presque vingt ans avant que les cercles de musique underground ne se reforment et que le rock n’investisse de nouveaux espaces après l’incendie de la discothèque República Cromañón [survenu en décembre 2004 et qui a fait 194 morts]. Il y a deux ans, il a trouvé son “temple” avec le Moscú, situé au 4335, avenue Córdoba. Cette maison avec terrasse a été transformée en bar et centre culturel, auquel se sont ajoutées des “annexes”, comme El Emergente, Strummer Bar, Otra Historia Cultural. “Ici, les gens découvrent un lieu qui leur appartient, sans hiérarchie. Ils se sentent chez eux”, assure Mery.
Le groupe Winona Riders, qui attire toujours plus de public, est la figure de proue
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Fondé en 1870 par l’ex-président Bartolomé Mitre (1862-1868), “La Nation”, quotidien national de droite, de tendance libérale en matière économique et conservateur dans les domaines sociétaux, est l’un des plus lus du pays, même si sa diffusion a fortement baissé à partir des années 2010. Il est réputé pour sa rubrique internationale, ses commentateurs, venus de plusieurs tendances politiques, et ses reportages. Il a aussi été le premier à s’implanter sur le web, en 1995
Il fait partie du groupe La Nación, qui comprend de nombreuses revues ainsi qu’une chaîne de télévision, LN+.