Concert annulé de Bilal Hassani: le parquet de Metz ouvre une enquête pour "provocation à la haine"

Au vu des menaces formulées à l'encontre de Bilal Hassani, le parquet de Metz a pris l'initiative, ce mercredi, d'ouvrir une enquête contre X, a appris BFMTV.com auprès du procureur, Yves Badorc, confirmant une information du Républicain Lorrain.

Les investigations, confiées à la sureté départementale de Moselle, visent les faits de "menace de délit contre personne en raison de son orientation sexuelle", "provocation à la haine contre une personne en raison de son orientation sexuelle" et "provocation publique et non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit".

Le concert, qui devait se tenir mercredi soir dans l'ancienne église Saint-Pierre-Aux-Nonnains de Metz, a été annulé après des prises de position virulentes au sein des mouvances catholiques et traditionalistes locales. Le collectif Lorraine Catholique a notamment hurlé à la "profanation", en pleine semaine Sainte, dans un message sur son blog largement relayé. Soutenu par Civitas, il a appelé à une prière de réparation avant le concert, devant l'ancienne église, désacralisée depuis 500 ans.

"Terrorisme intellectuel"

Relayé sur les réseaux sociaux par plusieurs médias proches de l'extrême droite et des milieux identitaires, leur appel a été entendu et fait craindre des déplacements de militants pouvant dépasser le cadre du département, d'après les renseignements territoriaux.

"Leur indignation ne repose sur rien: depuis cinq siècles Saint-Pierre-Aux-Nonnains n'est plus une église. C'est une salle culturelle qui fait partie de la Cité Musicale Metz!", a réagi le maire de Metz, François Grosdidier (ex-LR).

L'édile s'est désolé que le producteur de Bilal Hassani "cède à une forme de terrorisme intellectuel, au détriment de la culture". "On peut aimer ou ne pas aimer Bilal Hassani, ce qui est inadmissible c'est qu'au nom d'une idéologie on annule un concert. C'est un recul de la liberté d'expression et une concession faite à des extrémistes homophobes".

"Extrêmisme"

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, s'est quant à elle dit "choquée" par cette annulation. "Face aux extrémismes, aux appels à la haine, à la violence, la culture doit rester un espace de liberté et d'émancipation", a-t-elle écrit sur Twitter.

Les associations Stop Homophobie et Mousse ont déposé plainte contre Civitas auprès du parquet de Metz pour discrimination en raison de l'identité de genre, a indiqué à l'AFP leur avocat, Me Etienne Deshoulières. SOS Racisme Moselle et la CGT Spectacle ont également apporté leur soutien à l'artiste dans des communiqués distincts.