Nous sommes en 2010 lorsque paraît Cheese, le premier album de Stromae. Porté par le succès du single Alors on danse, il propulse le compositeur sous le feu des projecteurs. Patricia Teglia, son attachée de presse de l’époque, se souvient de cette période : «Le rythme de promo était hallucinant. On accordait entre une heure trente et quatre heures aux interviews chaque jour», précise-t-elle. Mais c’était en 2010. L’année du lancement d’Instagram. Si les artistes comme Stromae commencent à connaître un certain succès grâce à leurs profils sur les réseaux sociaux, la presse est encore le lieu privilégié pour promouvoir, expliquer et vendre un album. Plus de dix ans plus tard, les cartes ont été rebattues, et les manières de faire connaître sa musique se sont diversifiées. Quid alors, de la relation entre les artistes et les médias «traditionnels» ? En plein dans l’ère des réseaux sociaux, est-il encore nécessaire d’établir des stratégies de promotion, de planifier des interviews, dans des agendas de plus en plus remplis ?
A l’aube des années 1990 en France, l’heure est à l’émergence médiatique du rap. Les artistes de la culture hip-hop sont invités sur les plateaux pour la première fois. «A cette époque, leur reconnaissance en tant qu’artiste est ambivalente», explique le chercheur Karim Hammou, codirecteur avec Marie-Sonnette Manouguian de l’ouvrage