Après le lancement de son comité stratégique à l’été 2020, le CNM prévoit pour 2021 un programme d’aide dédié de 1 M€, révèle une étude sur la visibilité des femmes dans les festivals et conditionne ses aides financières au respect d’un protocole de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
L’égalité femmes-hommes dans la musique, une cause prioritaire pour le Centre national de la musique
En parfaite cohérence avec l’article 1er de la Constitution de la Ve République et avec le statut de « grande cause nationale » déclarée par le président de la République, la loi du 30 octobre 2019 qui a créé le Centre national de la musique a placé l’égalité entre les femmes et les hommes parmi les missions prioritaires de l’établissement public auxquelles il s’est attelé dès le printemps 2020.
Le premier objectif est simple : objectiver des données, confirmer – ou infirmer – ce qui relève encore trop souvent de l’intuition. Pendant très longtemps, ce qui n’était ni connu ni mesuré était trop facilement accepté. Ce temps est révolu.
La démarche engagée permet de poser un premier constat : l’étude conduite en partenariat avec l’université Paris I démontre que les femmes sont sous-représentées dans les programmations des festivals, toutes esthétiques confondues, et, au-delà, dans de nombreuses professions appartenant à la filière musicale. Pour traiter efficacement ces sujets et faire en sorte que la situation change concrètement, il faut d’abord mesurer et rendre lisible la réalité de notre filière.
S’agissant spécifiquement des violences et harcèlements à caractère sexiste et sexuel, la création du CNM est concomitante à la montée en puissance du mouvement #metoo dans la musique, qui a contribué à libérer la parole. Le CNM a une ambition : encourager et accélérer un véritable changement culturel.
Désormais, toutes les aides du CNM sont conditionnées à la mise en œuvre du protocole qui a été présenté à la ministre de la Culture à la fin de l’année 2020. Concrètement, si une entreprise ou une association ne met pas en place les procédures permettant l’écoute et la protection des victimes de ces agissements ou des témoins, si elle ne forme et n’informe pas ses équipes, si, dans certains cas et notamment dans certaines productions scéniques, elle ne prépare pas de plans de prévention, sa demande d’aide ne sera pas recevable. Comme on le sait, au-delà du droit et de l’éthique, le levier financier est, en général, puissant
Par ailleurs, le CNM mobilise ses moyens en faveur de ceux qui agissent pour l’égalité entre les femmes et les hommes : le budget a été triplé et porté à 1 million d’euros en 2021.
Bien sûr, en matière de programmation artistique, la liberté doit rester la règle alors que, dans certaines esthétiques et notamment la musique classique, le patrimoine musical reste très masculin. La question de la diversité et de la présence des femmes renvoie ainsi à celle de l’accès aux formations et aux cursus qui préparent aux premiers rôles, notamment pour les interprètes, les compositrices et les metteures en scène. Mais les aides du CNM, qui seront reconfigurées en 2021, encourageront, par exemple par des majorations, celles et ceux qui, concrètement, font avancer les choses.
Alors que la situation reste globalement très sombre pour l’ensemble de la filière musicale en ce début 2021, du fait de la crise de la Covid-19, il est possible d’être optimiste. La prise de conscience est large et les actions se multiplient. Cette confiance ne doit, à l’évidence, pas conduire à relâcher l’attention. Le CNM a pour ambition que son action, concertée avec l’ensemble des professionnels, permette des progrès sensibles et sans précédents. Cette démarche volontaire, nous la mènerons en étroit lien avec la mission Diversité-Égalité du ministère de la Culture et avec un regard sur les autres « industries culturelles », pour que notre secteur soit exemplaire.
Jean-Philippe Thiellay
Président du Centre national de la musique