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Comment les salles de concerts s’impliquent dans la transition énergétique

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Connaître et maîtriser sa consommation, utiliser les énergies renouvelables, rénover les bâtiments : toutes ces options se présentent aux salles de concerts désireuses de s’impliquer dans la transition énergétique. Cette dernière se définit comme l’ensemble des changements opérés pour réduire l’impact environnemental de la production et de la consommation d’énergie.





Certaines salles de concerts ont déjà emboîté le pas de cette transition à l’instar de l’Aéronef à Lille. « On a travaillé autour de la certification ISO 20121 que l’on a obtenue dès 2016. Dans ce cadre-là, on a déterminé nos objectifs dont l’un d’eux est de réduire nos impacts notamment sur la consommation d’énergie, » explique Clémence Bruggeman, directrice de projets développement durable, partenariats, mécénat de l’Aéronef. La norme ISO 20121 permet d’aider les acteurs de l’événementiel à mieux gérer leur impact environnemental, social et économique.

L’un des leviers est la maîtrise énergétique. En ce sens, l’Aéronef a effectué un bilan énergétique en 2018 avec l’aide d’étudiant.e.s en école d’ingénieurs. Ce qui consomme le plus ? Difficile à dire selon Clémence Bruggeman. L’Aéronef vient d’investir dans des sous-compteurs pour mieux identifier les postes les plus énergivores.

En attendant, la salle lilloise a opté pour un fournisseur d’énergie renouvelable, passant d’EDF à Enercoop : « Après le bilan énergétique, on a échangé avec Enercoop sur notre nécessité de sensibiliser l’équipe autour des écogestes, ils ont pu nous accompagner sur ce volet. On est partis chez eux parce que c’est du local, puis on devient sociétaire donc ça implique d’être partie prenante de son fournisseur d’électricité. » Cette prise de position se ressent dans le bilan carbone effectué annuellement par l’Aéronef, la partie énergétique s’est trouvée réduite du fait d’avoir choisi un fournisseur d’électricité renouvelable produite localement. D’autres salles de concerts ont suivi cette voie, notamment le Tétris au Havre et le Trabendo à Paris. Ce changement peut toutefois provoquer un surcoût budgétaire d’environ 15% selon le Collectif des festivals. De plus, le collectif rappelle que « tous les fournisseurs d’électricité ’verte’ ne se valent pas » en conseillant de « choisir plutôt ceux qui achètent l’électricité directement à des producteurs locaux et réinvestissent les bénéfices dans le développement de projets d’énergies renouvelables citoyens et locaux ».

Cette transition à l’Aéronef s’est accompagnée d’autres mesures : « On a mené des petites actions qui permettent de faire des économies sur les factures, c’est-à-dire éviter tout ce qui est veille, remplacer du matériel obsolète qui consomme beaucoup trop et puis, dans notre renouvellement de parc de matériel, avoir en tête les consommations des équipements qu’on achète. » Parmi ces équipements, Clémence Bruggeman évoque l’achat d’éclairages LED et l’installation de capteurs de mouvements pour limiter le nombre de lumières allumées. En 2008, Tryo a calculé le bilan carbone de sa tournée « Ce que l’on sème » avec l’aide de l’ADEME. L’utilisation d’ampoules LED a permis d’économiser environ 10 400 kWh, sachant que la lumière correspond à 0,2 tonnes équivalent carbone (teqC) d’émissions de la tournée contre 120 pour le transport du public à titre d’exemple.

Et la sonorisation dans tout ça ?

Le 24 novembre dernier, AGI-SON a organisé une table ronde questionnant la maîtrise énergétique de la sonorisation. La réponse est unanime, ce n’est pas le poste le plus énergivore. Yoann Lamarche, fondateur de Mobivolts et du festival O’Zénergie a constaté que le bilan carbone du son (211 kg de CO2) était moins élevé que celui des lumières (244,83 kg de CO2). Selon Matthieu Delquignies de D&B audiotechnik, « cela dépend du fait que la consommation de la lumière est continue tandis que celle du son est impulsionnelle ». Pour autant, il est nécessaire de connaître les variables à ajuster pour mieux maîtriser l’impact énergétique de la sonorisation, et par la même occasion sa facture. Les intervenant.e.s évoquaient surtout l’impact des festivals.

Le 24 novembre dernier, AGI-SON a organisé une table ronde questionnant la maîtrise énergétique de la sonorisation. La réponse est unanime, ce n’est pas le poste le plus énergivore. Yoann Lamarche, fondateur de Mobivolts et du festival O’Zénergie a constaté que le bilan carbone du son (211 kg de CO2) était moins élevé que celui des lumières (244,83 kg de CO2). Selon Matthieu Delquignies de D&B audiotechnik, « cela dépend du fait que la consommation de la lumière est continue tandis que celle du son est impulsionnelle ». Pour autant, il est nécessaire de connaître les variables à ajuster pour mieux maîtriser l’impact énergétique de la sonorisation, et par la même occasion sa facture. Les intervenant.e.s évoquaient surtout l’impact des festivals.

Marilyne Lair, directrice du Collectif des festivals, invite les acteurs de l’industrie du spectacle à mutualiser le matériel pour « réduire les coûts et acheter un matériel avec des exigences écoresponsables plus élevées ». Parmi ces exigences, la labellisation reste gage de confiance. Parmi les entreprises représentées dans la table ronde, D&B audiotechnik a obtenu en 2013 la certification européenne EMAS (Eco-Management and Audit Scheme), ce qui l’engage à mener un management et des audits tenant compte de l’environnement.

Autre point d’accord entre les intervenant.e.s : les fiches techniques des artistes. David Morel, label manager de Jarring Effects, déplore « les abus sur les demandes de matériel son« . La maîtrise énergétique d’une salle dépend aussi du choix de la sobriété des artistes. Le projet STARTER (Spectacles et Tournées d’ARTistes Eco-Responsables) lancé par divers partenaires dont la FEDELIMA, des acteurs du réseau R2D2 ou encore le SMA souhaite réfléchir autour des tournées écoresponsables et notamment de l’incitation à la sobriété énergétique dans les fiches techniques. En dehors de la table ronde, Clémence Bruggeman se questionne aussi : « Est-ce que l’on a besoin d’autant de projecteurs, d’écrans partout ? Il y a des questions qui vont se poser à un moment sur le spectacle qu’on veut proposer et est-ce que l’on a besoin de fioritures autour des artistes. On y est moins confrontés que les festivals mais on reçoit effectivement des artistes qui ont et se déplacent avec du matériel scénique qui pompe énormément d’énergie. »

Pour remédier à l’impact de la sonorisation, l’électroacousticien David Rousseau recommande la mise en place d’une sonorisation fixe pour éviter le déplacement de quantités de camions et d’avions la où seul l’artiste pourrait devoir se déplacer. Selon lui, « il y a aussi beaucoup à gagner pour la rénovation et la construction des salles en ayant une vision systémique lors de la conception. » Il explique que les salles sont construites en utilisant énormément de béton et de ferraille en raison de la forte demande en basse fréquence qui impose des parois doubles de 600 kg par mètre carré de béton. Cette problématique peut se résoudre selon David Rousseau par la création de directivité avec les haut-parleurs, « l’économie d’émissions de carbone en gagnant 20 db sur les parois avec la sonorisation est faramineuse ».

La rénovation des salles de concerts

La rénovation participe également de la transition énergétique des salles de concerts. Pourquoi ? Malika Vignon, chargée de mission Développement durable et partenariats responsables au RIM, répond : « Il y a de plus en plus de salles qui doivent entamer des travaux de rénovation parce que beaucoup d’associations se sont fait prêter des locaux vétustes qui ne sont pas du tout adaptés à la pratique musicale donc on a mené une réflexion active là-dessus. Aujourd’hui vu ce que représente l’impact énergétique d’un lieu, ce serait dommage de ne pas pouvoir les accompagner sur cela.« 


En France, le Krakatoa de Mérignac a pu bénéficier d’un accompagnement de l’Institut négaWatt et du RIM dans le cadre du contrat de filière suite à l’appel à projets Soutien à la transition énergétique entre 2018 et 2019, financé par la Région Nouvelle-Aquitaine et la DREAL. Malika Vignon explique que cet accompagnement du binôme collectivités/SMAC a permis d’établir un cahier des charges du bâtiment en tenant compte de la transition énergétique. L’Institut négaWatt a également aidé le Krakatoa dans la réalisation d’un audit avant d’effectuer des travaux de réhabilitation totale du bâtiment. Le plan de financement du projet est en cours.

Dans le contexte de crise sanitaire, le ministère de la Culture a annoncé en septembre 2020 le déploiement d’un fonds de 20 millions d’euros pour « encourager la transition écologique des institutions de créations en région« . Des SMAC devraient en bénéficier pour divers projets, notamment le Chato’do à Blois pour une réhabilitation ou encore le Moulin de Brainans à Montbéliard pour une rénovation et un passage aux normes européennes pour l’éclairage.

Le think tank The Shift Project qui a planché sur un plan de transformation de l’économie française « libérée de la contrainte carbone » s’est emparé du secteur culturel. Dans la synthèse publiée en octobre 2020, il est indiqué que « les bâtiments culturels doivent être rénovés thermiquement » et que cela « doit être encouragé par des politiques publiques prioritaires au sein des différents établissements publics dépendants du ministère de la Culture« . Outre ces recommandations, la sobriété reste le mot d’ordre de la transition énergétique.

En savoir plus : Le guide de l’énergie maîtrisée pour les festivals, Le Pôle