Ce 21 juin dernier, le Centre national de la musique dresse le bilan de ses actions menées sur l’année 2023.
Avec ce nouveau rapport d’activité, le quatrième depuis la naissance de l’établissement, le Centre national de la musique présente un bilan que les lecteurs et les lectrices les plus imaginatifs auraient eu du mal à imaginer par avance. La crise sanitaire et le soutien que le ministère de la Culture a apporté à la filière, via son opérateur, ont, bien sûr, coloré nos premières années, jusqu’à l’an dernier. Par-delà ces interventions exceptionnelles, le CNM a aussi cherché à jouer pleinement son rôle de maison commune auprès de l’ensemble des acteurs et des actrices de la musique, concertés en permanence sur tous les
sujets : éditions, formations professionnelles, conseil et information, soutien aux projets dans le live comme dans le phono, en France et à l’étranger, sans distinctions esthétiques ou de modèles économiques.
L’année 2023 restera celle qui aura permis de consolider l’établissement.
Il y a un an, peu l’auraient parié. Le risque de voir les capacités d’intervention se réduire, avec des conséquences lourdes pour de nombreux projets et de nombreuses entreprises, a été mesuré.
Les débats qui ont conduit le gouvernement, en fin d’année, à autoriser le renforcement des équipes du CNM, à prolonger les crédits d’impôt du secteur et, surtout, à instaurer une taxe affectée sur les plateformes de streaming gratuites et payantes ont été extrêmement nourris. L’objectif de défendre et d’amplifier la diversité musicale a finalement prévalu.
En 2023, nous avons aussi recherché une forme de rythme de croisière, dans tous les domaines, en faveur des entreprises de la filière, qui sont désormais plus de 6 000 à s’être affiliées au CNM, et des personnes physiques qui ont ouvert plus de 62 000 comptes sur la plateforme cnm.fr. Le rapport d’activité met ainsi l’accent sur les réalisations concrètes que rend possibles le soutien du CNM, financier et non financier: ici, on soutient un festival en zone rurale ou dans une collectivité d’outre-mer ; là, on rend possible un nouvel EP qui cartonne sur les plateformes avant une tournée internationale. On forme également de futurs éditeurs et éditrices de musique ou celles et ceux qui dirigeront les salles de concert demain ; on conseille de jeunes artistes dans la structuration de leur projet, partout en France. Derrière les 4 000 dossiers soutenus par nos programmes d’aides financières, il y a des femmes et des hommes qui se démènent pour la musique et qui entreprennent des actions très concrètes, avec des montants moyens d’aides très raisonnables. Comme je le dis souvent, dans la musique, avec peu, on fait énormément.
L’année 2024 sera celle de la refondation de nos dispositifs d’intervention.
L’année 2024 bien entamée doit permettre de mobiliser l’ensemble de la filière face aux défis considérables qui se présentent à nous. Au niveau international, la concurrence fait rage, dans un marché de la musique enregistrée en croissance. En France, les modèles économiques du live sont réinterrogés, dans toutes les esthétiques, avec des structures souvent fragilisées, en particulier par la hausse des coûts et par les tensions sur les soutiens publics ; l’évolution des entreprises est nécessaire et difficile, en particulier vers des modèles décarbonés et plus sobres.
Dans tous ces domaines, le CNM est aux côtés des pros face à ces défis. Dans le domaine international comme dans celui des transitions écologiques et de l’innovation, de nouveaux services dédiés ont été mis en place au 1er janvier pour contribuer à atteindre les objectifs ambitieux de la filière. Dans le domaine des aides aux projets, l’ensemble des règles applicables sera revu pour 2025, pour mieux répondre aux besoins des entreprises, pour accompagner la disparition des derniers crédits exceptionnels et, aussi, pour dessiner les aides de demain, adaptées aux défis précédemment évoqués. Il s’agit d’un chantier complexe pour lequel la concertation, en cours à l’heure où ces lignes sont publiées, est indispensable afin de parvenir aux règles les plus pertinentes, les plus efficaces et aussi les plus novatrices. Enfin, face à tous ces défis, notre catalogue de formations s’enrichit chaque année afin de proposer aux acteurs et actrices de la musique des modules au service de l’évolution de leurs compétences.
Un dernier chantier mérite d’être cité : la simplification des dispositifs pour l’ensemble des acteurs et actrices publics qui contribuent à la vitalité musicale du pays. Le CNM, acteur majeur de la déconcentration – c’est-à-dire du rapprochement des services proposés par rapport aux besoins des entreprises et des citoyennes et citoyens – doit rechercher la meilleure articulation avec les services de l’État et avec les collectivités territoriales, notamment dans les contrats de filière. La feuille de route 2025-2027 et le contrat d’objectifs et de performance que nous signerons dans quelques semaines avec la ministre de la Culture, le premier de la jeune histoire du CNM, y contribueront à coup sûr.
C’est aussi compte tenu du besoin de lignes directrices que nous avons fait le choix de structurer ce rapport d’activité de manière un peu différente des années passées, en reprenant les trois axes principaux des orientations stratégiques de l’établissement : observer ; intervenir au soutien de la filière ; parachever la maison commune. Vous y trouverez le résumé d’un an d’action de notre équipe.
Je vous en souhaite une excellente lecture.
Jean-Philippe THIELLAY,
président du Centre national de la musique