Le stream-ripping se développe au Royaume-Uni, au point de devenir le moyen le plus répandu d’accéder illégalement à de la musique numérique, tandis que les sites BitTorrent sont de moins en moins utilisés par les consommateurs, selon une nouvelle étude réalisée par la société de veille en ligne INCOPRO pour la société britannique de droits d’auteurs PRS for Music.
Selon cette étude, l’utilisation des services de stream-ripping a « considérablement augmenté » entre 2016 et 2019, et « éclipse maintenant toutes les autres activités illégales d’accès à la musique en ligne au Royaume-Uni. »
Les données utilisées pour la recherche ont été extraites de la base de données Identify d’INCOPRO, composée de plus de 17 000 sites de piratage en fonction de leur utilisation estimée au Royaume-Uni et d’un échantillon de 100 des services de stream-ripping les plus populaires.
Bien que les services de stream-ripping ne représentent que 3 des 50 principaux sites de piratage, en hausse de 4% par rapport à l’étude précédente achevée en 2016, ils représentent un trafic en augmentation. BitTorrent (15 sites) et l’hôte Cyberlocker (17 sites) sont toujours « les catégories les plus courantes de sites contenant du contenu musical. » La catégorie proxy / autres sites (13 sites) a légèrement augmenté depuis le rapport précédent.
Selon INCOPRO, l’utilisation des services de stream-ripping représentait 80,2% du volume des 50 principaux sites durant cette période, en augmentation de 1390% en quatre ans. Le service de stream-ripping le plus utilisé au Royaume-Uni est de loin le site y2mate.com, qui représentait 47% du volume des 50 sites les plus utilisés pour accéder à de la musique en octobre 2019.
Le service légal le plus attaqué par les services de stream-ripping est YouTube, à la fois en termes de nombre de sites offrant des capacités de stream-ripping sur YouTube (80 sur les 100 de l’échantillon interrogé) qu’en pourcentage d’utilisation. Spotify est désormais le deuxième service le plus touché, dépassant SoundCloud qui était second dans l’étude de 2016, suivis de Deezer, Amazon Music et Tidal.
Les revenus des services de stream-ripping proviennent principalement de la publicité, mais aussi de la rémunération sur le téléchargement d’applications, des logiciels et de plug-ins.
« Ce rapport montre que le piratage de la musique est toujours bien vivant et que le stream-ripping est désormais responsable d’un énorme volume de piratage » a déclaré Simon Bourn, responsable de la propriété intellectuelle et du contentieux chez PRS for Music. Pour Bourne, cette utilisation affecte directement les ayants droit qui ne touchent aucune rémunération à partir des sites de stream-ripping. « Chaque fois qu’un titre est extrait via un site de stream-ripping, l’utilisateur écoute et consomme cette musique en dehors de l’écosystème sous licence » dit-il.
Pour la PDG de PRS for Music, Andrea C. Martin (en photo), la montée du piratage via les services de stream-ripping doit être replacée dans le contexte actuel de la pandémie de la Covid-19, car l’augmentation de la consommation illégale de musique aura un impact sur les revenus d’organisations telles que PRS for Music.
« Depuis que cette recherche a été réalisée » a déclaré Martin, « le monde a changé au-delà de ce que quiconque aurait pu imaginer à cause de la Covid-19. L’absence prolongée de revenus des spectacles live signifie que les revenus générés sur les plateformes numériques légitimes sont plus importants que jamais. Bien que le rapport montre que nos efforts vont dans la bonne direction, il est tout aussi clair que nous devons persévérer et continuer à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement et l’industrie de la musique au sens large pour favoriser un environnement numérique sécurisé pour les créateurs de musique et les consommateurs.«
PRS for Music souhaite alerter le gouvernement britannique face au développement de cette pratique, et s’attend également à ce que toutes les parties impliquées dans le système, y compris les portails d’accès aux d’applications, les plateformes de plug-ins et de logiciels, les agences de publicité, YouTube et d’autres services sous licence, « jouent leur rôle pour empêcher ces services illégaux de voler de la musique et priver les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de leur juste rémunération. »