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L’ISNI se déploie dans la musique

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L’ISNI, code international servant à identifier les contributeurs d’une œuvre de création, s’implante petit à petit dans la musique et promet une meilleure gestion des données et des flux financiers associés. Interview de Jean-François BERT, représentant de Quansic, agence d’enregistrement ISNI.

Publié le mardi 1er décembre 2020













(c) ISNI














Publié le mardi 1er décembre 2020

L’ISNI, ou International Standard Name Identifier (ISO 27729), est une norme mondiale certifiée pour identifier les différents contributeurs à une œuvre, qu’ils soient interprètes, compositeurs, producteurs, éditeurs, créateurs visuels, etc.
Adopté par le consortium international DDEX, cet identifiant est désormais en cours d’implémentation par les principaux acteurs de l’industrie (plateformes, distributeurs, majors, etc.) et devrait apparaître dans les principaux flux d’échange de données début 2021. Considéré comme un possible chaînon manquant dans le traitement des métadonnées musicales au sein de l’univers numérique, l’ISNI pourrait améliorer les exploitations, à la fois du côté de l’utilisateur comme du côté des ayants droit.

Jean-François BERT représente l’agence Quansic, fournisseuse de métadata et agence d’enregistrement ISNI, et dresse un état des lieux du développement de l’ISNI dans la musique et de ses bienfaits potentiels.

Jean-François BERT, représentant de Quansic

« Il y aura moins d’erreurs, moins d’irrépartissables, et les possibilités d’exploitation seront plus pointues que maintenant »

Jean-François BERT, représentant de Quansic

L’ISNI est en train d’être adopté par de nombreuses plateformes internationales. Est-ce également le cas dans la musique ?

Oui très clairement. D’ici à la fin de l’année, YouTube va envoyer ses premiers rapports avec des identifiants ISNI, Amazon l’implémente également et Apple et Facebook regardent cela de près. Les majors du disque et de l’édition s’en emparent aussi et attribuent des ISNI à l’ensemble des artistes de leur catalogue mondial. Même les OGC s’y mettent avec SoundExchange, plus grosse société de gestion de droits voisins au monde, qui utilise désormais l’ISNI comme identifiant de référence en lieu et place de l’IPN.

Qu’en est-il en France ?

Aujourd’hui, ce sont les principaux acteurs internationaux qui s’y sont mis. En France, à ma connaissance, les OGC et les labels ne l’ont pas encore implémenté, mais les lignes vont certainement bouger rapidement.

L’ISNI est une norme qui existe depuis près de 10 ans. Pourquoi cette standardisation se développe-t-elle maintenant dans la musique ?

Il existe un consortium mondial pour les échanges de données, le DDEX, qui regroupe aussi bien la Sacem, que Facebook, Universal et tous les principaux acteurs internationaux de la musique. Ils se voient deux à quatre fois par an pour travailler sur les formats d’échange, et, quand un format est adopté, il devient la norme mondiale pour l’échange de données. Et donc, il y a environ 18 mois, DDEX a validé l’emploi de l’ISNI comme identifiant, et c’est ce qui a enclenché ce mouvement.

Qu’est-ce que va améliorer l’utilisation de cette norme dans les années à venir ?

Il existe déjà deux identifiants utilisés à l’échelle mondiale, l’ISRC pour les enregistrements et l’ISWC pour les œuvres. Mais pour les intervenants, qu’ils soient interprètes, auteurs, producteurs, sociétés de gestion, distributeurs, etc., ce qui manquait jusqu’alors était de disposer d’un identifiant unique utilisé par l’ensemble de l’écosystème. C’est aujourd’hui le cas avec l’ISNI. Nous allons enfin pouvoir échanger des informations avec 100 % des identifiants, un pour l’œuvre, un pour l’enregistrement, et l’ISNI pour chacun des intervenants de la chaîne.

L’ISNI va permettre d’optimiser l’exploitation de la musique sur les plateformes, avec un code plus facile à utiliser que des noms d’artistes ou de groupes impliquant des problèmes d’homonymie, de pseudonyme, d’orthographe ou de traduction qui sont sources de beaucoup d’erreurs dans les recherches ou les recommandations proposées par les plateformes.

L’autre risque inhérent est que les flux financiers n’aillent pas au bon endroit. L’ISNI permet de faciliter la précision des paiements vers les fournisseurs. Par exemple, quand il s’agit de featuring avec plusieurs artistes, la redistribution de l’argent est beaucoup plus facile à gérer avec un ISNI plutôt qu’avec des simples noms pas toujours très originaux, ni bien renseignés. Le fait de passer à une gestion « 100 % identifiants » va permettre de résoudre de nombreuses erreurs qui traînent encore dans l’exploitation des œuvres. Si tout le monde utilise ces identifiants univoques, il n’y aura moins d’erreurs, moins d’irrépartissables, et les possibilités d’exploitation seront encore plus pointues que maintenant.

Est-ce que l’adoption de la norme ISNI vaut pour tout le monde, notamment pour les indépendants ?

D’ici 12 à 24 mois, l’ISNI sera la norme partout, et ceux qui n’utiliseront pas ces identifiants seront moins souvent proposés dans les playlists, vont moins souvent ressortir dans les recherches des internautes et prendront le risque de tomber dans les irrépartissables de leur distributeur ou de leur société de gestion collective. Implémenter l’ISNI va être essentiel pour les poids lourds comme pour les indépendants, d’autant qu’il existe plus de probabilité d’erreur d’aiguillage sur un artiste en développement que sur Beyoncé.

Quel est le coût d’un identifiant ISNI ?

Cela dépend des agents d’enregistrement de l’ISNI. Chacun a ses conditions. Chez Quansic, le coût est de 10 € pour un identifiant à l’unité que l’on garde toute sa vie. Mais si vous êtes client de notre partenaire VEVA Collect, vous pouvez en obtenir un gratuitement sur leur site. Il est alors enregistré dans la base internationale gérée par le consortium ISNI International.