CNM » Actus » Santé des professionnels de la culture : l’INSAART mène l’enquête

Santé des professionnels de la culture : l’INSAART mène l’enquête

Publié le

– mise à jour le



Nouvel outil de soin et d’accompagnement pour les artistes et leur entourage professionnel, l’INSAART lance une enquête sur l’impact psychologique des conditions d’exercice des métiers de la culture. Rencontre avec la manageuse Laure MICHELON et l’éditrice Marie NOWAK, deux des cofondatrices du projet.











Suite à un constat appuyé par des études internationales [1] ou françaises [2][3], l’INSAART s’est constitué autour d’une équipe de médecins et de professionnels de la culture, et autour d’un projet mêlant prévention, soin, ressource, expertise et accompagnement en évolution ou en reconversion professionnelle.

Ce nouvel institut projette l’ouverture d’un lieu d’accueil dans Paris ou dans sa proche couronne, avec des relais en régions car « quelques personnes de la culture qui se sont reconverties en thérapeute ou en acuponcteur et acuponctrice exercent dans différentes villes en France » nous explique l’éditrice Marie NOWAK, présidente de l’INSAART et ancienne directrice de BMG Rights Management France.

Alors qu’Audiens a récemment lancé le Pôle santé Bergère, le paysage autour de l’accompagnement à la santé des métiers de la culture se renforce avec la création de l’INSAART, dont l’une des premières actions est le lancement d’une vaste enquête sur l’impact physique et psychologique de l’exercice d’un métier culturel en France.

« C’est la pose d’une première pierre, il y en aura d’autres » précise Laure MICHELON, manageuse (Carnet de route, vice-présidente de MMF France) et intervenante en formation professionnelle (INSAART, Studio des variétés, Fonds de professionnalisation d’Audiens).

Il y a du stress, de la précarité, des dépressions et des burn out 

(c) INSARRT – Marie NOWAK et Laure MICHELON

Interview de Marie NOWAK, éditrice et présidente de l’INSAART, et de Laure MICHELON, manageuse et intervenante pour l’INSAART.

Comment est né l’INSAART ?

Marie NOWAK – À l’origine de ce projet, il y a deux personnes faites pour se rencontrer, à savoir Sophie BELLET-VINSON, une psychologue spécialiste en gestion des risques psychosociaux qui intervient comme formatrice au Studio des variétés, et Dr Emma BARON, psychiatre et familiarisée avec les pathologies des artistes et professionnels du spectacle. Nous avons beaucoup échangé, puis d’autres personnes se sont agrégées à la discussion, ce qui a fait naître ce projet d’institut de soin et d’accompagnement.

Laure MICHELON – Plusieurs éléments nous ont mis en alerte. Des études parues en Angleterre ou en Australie ont fait apparaître des chiffres alarmants, avec 70 % des musiciens anglais en souffrance psychique, soit trois fois plus que pour le reste de la population, et une espérance de vie moyenne pour un musicien australien de 20 ans inférieure à l’espérance de vie nationale !

À notre niveau, nous avons constaté le même genre de chose dans la profession. Il y a du stress, de la précarité, des problèmes d’addiction, des horaires soirs et week-end. Aux dernières BIS de Nantes en janvier, donc avant la crise, beaucoup de bookers nous disaient déjà être en dépression ou en burn out, ajoutant qu’ils pensaient à arrêter ou à changer de métier pour que cela aille mieux. Hélas, avec les périodes de confinement qu’on a vécues depuis, les problématiques n’ont fait que s’amplifier.

Comment l’INSAART compte-t-il répondre à ces problématiques ?

Laure MICHELON Nous avons créé un institut qui regroupe le soin, la formation et la ressource, pas simplement au niveau des artistes mais pour tous les professionnels de la culture, que ce soit de la musique, du théâtre, de la danse, du cirque, du cinéma, etc., pour les créateurs comme pour leur entourage, y compris pour les personnels de bureau. D’où la naissance de l’INSAART.

Marie NOWAK Aujourd’hui, nous cherchons un lieu pour développer le projet, un lieu d’accueil qui ne soit pas clinique mais joyeux, un endroit où n’importe qui puisse venir et parler, prendre un café et discuter d’une problématique ponctuelle ou d’une envie plus profonde.

Laure MICHELON Nous recevrons les personnes en rendez-vous. Elles pourront nous expliquer ce qui les questionne, que ce soit d’ordre professionnel ou psychologique. À partir de là, nous pourrons les orienter au cas par cas vers le soin, la formation ou le bilan de compétence par exemple. Ce ne sera donc pas qu’un lieu de soin, mais un lieu public interdisciplinaire.

Marie NOWAK Précision importante : étant donné que les rendez-vous avec des psychologues ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, nous avons le souhait de maintenir un tarif symbolique, pour faire du soin quasiment gratuitement pour tous.

Comment le projet se finance-t-il ?

Laure MICHELON Nous allons chercher des financements auprès de certains organismes, de sociétés privées et de fondations. Mais, dans un premier temps, nous allons répondre à des appels d’offres sur la formation et nous répondons à des demandes d’intervention sur la prévention des risques ou la gestion de crise. Cela va permettre à l’INSAART de démarrer.

L’institut lance une enquête sur l’impact psychologique des conditions d’exercice des métiers de la culture. Quel est son objectif ?

Laure MICHELON En France, le collectif CURA a mené une enquête sur le bien-être et la santé des musiciens. Nous souhaitons compléter cette approche en allant au-delà des artistes et de la musique, en l’élargissant à tous les métiers et à tous les champs culturels. Il s’agit d’interroger les professionnels de la culture, des industries créatives et du divertissement sur ce qu’ils pensent de leurs conditions de travail, sur la manière dont leur implication dans l’industrie du spectacle affecte leur santé générale et leur bien-être psychique.

[1] Notamment l’étude anglaise de l’université de Westminster « Can Music Make You Sick ? Étude sur l’incidence de la santé mentale des musiciens »

[2] Enquête du collectif CURA et de la GAM sur la santé et le bien-être dans l’industrie musicale en France : « Une industrie de passionné.es sous pression »

[3Actes du colloque Fédélima sur la santé du musicien dans les musiques actuelles