Serge Kancel, inspecteur général des affaires culturelles du ministère de la Culture, a été nommé « référent permanent et transversal pour les festivals » par Françoise Nyssen. En amorce de sa mission, il nous en explique les grandes lignes.
Vous venez d’être nommé « référent permanent et transversal pour les festivals » par la ministre de la Culture. En quoi consiste cette mission ?
La mission est permanente car la ministre souhaite qu’elle soit inscrite dans la durée, avec une logique de suivi qui permet d’envisager les questions liées aux festivals autrement qu’à travers tel ou tel rapport ponctuel. Deux fois par an, je vais donc remettre une synthèse de mes observations et de mes analyses.
Pour l’instant, ma mission commence juste, mais je rendrai compte d’une première synthèse avant l’été. Je participerai d’ici là à des groupes de travail dans le cadre du Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel (CCTDC).
Par ailleurs, la mission est transversale entre les différents domaines culturels (musique, théâtre, danse, cinéma, arts visuels, livre, etc.), ce qui regroupe des approches parfois très variées. Entre une manifestation littéraire et un festival de rock, il n’y a apparemment pas de rapport si l’on s’en tient à une logique de silo, mais il y a éventuellement des enseignements à tirer auprès d’un secteur pour les réfléchir et les adapter à d’autres secteurs.
Quel est le périmètre des festivals dont vous êtes le référent ?
La notion même de festival est à interroger. Entre festival, salon, manifestation et événement, un continuum et des transversalités peuvent apparaître. Cela étant, dans ma lettre de mission est évoqué de manière explicite le moment particulier que constitue un festival pour le public, et cela guide le périmètre de mes premières réflexions. Je vais ainsi me concentrer au moins dans un premier temps sur les festivals qui ont une composante « festivalière », c’est-à-dire où le public vient passer un moment festif, avec a priori une billetterie, même si je n’exclus rien à ce stade.
Vous êtes en charge de « mener une veille permanente sur la santé économique des festivals et sur leurs cycles de vie ». Comment allez-vous procéder ?
Des observatoires existent et je ne vais pas en inventer de nouveau. Je vais donc m’appuyer sur les ressources existantes pour étudier à la fois la natalité et la mortalité des festivals, leur cycle de vie, le poids des mesures de sécurité prises depuis 2 ou 3 ans, l’évolution des capitaux possédant les festivals, etc.
Sur ce dernier point, que veut ou que peut faire le ministère par rapport aux phénomènes de concentration à l’œuvre dans l’économie des grands festivals de musique ?
C’est une des questions qui me sont posées, mais ma réflexion ne fait que commencer.
Votre travail doit également contribuer à établir « une réflexion sur les conditions d’accompagnement des festivals par la puissance publique ». Y a-t-il déjà des bases posées pour cette réflexion ?
Non, les choses vont se faire au fur et à mesure, mais cet aspect constitue en effet une composante et un objectif important de ma mission. Les festivals ne constituent pas un domaine si évident à accompagner, ne serait-ce que par le fait qu’ils sont extraordinairement nombreux et disparates. La subvention n’est pas nécessairement la panacée. Il y a peut-être des choses à inventer à ce niveau-là.
S’agit-il également de repenser les dispositifs existants d’aide aux festivals ?
Mon rôle n’est pas en soi de remettre en cause les financements actuels, mais plutôt de réfléchir aux critères qui peuvent justifier un soutien public aux festivals, qu’ils tiennent à leur programmation, aux publics qu’ils visent, aux territoires qu’ils animent. Peut-être que ma réflexion s’orientera vers telle ou telle catégorie de festivals qui mériterait d’être davantage aidée, mais ce n’est pas le cas pour l’instant.
Et puisque je commence à recevoir quelques coups de fil en ce sens, je précise que je ne suis pas là pour subventionner tel ou tel festival à la place des DRAC, de la DGCA ou du CNV ! Ce n’est pas du tout à l’ordre de ma mission.
Propos recueillis par Mathias MILLIARD